Gérard Rancinan est un photographe français né à Talence en 1953. Cet artiste autodidacte a fait de l’humour et du détournement les ingrédients principaux de sa manière photographique. Les grandes scènes collectives, minutieusement composées et pourvues d’une touche burlesque et décalée ont fait sa réputation.
L’artiste est aussi photographe reporter. C’est dans la photographie de presse qu’il affûte son oeil. À ce titre, il est détenteur de quatre World Press Photo, prix mondialement reconnu, récompensant ce type de photographie. Il sera un fer de lance de l’agence Sygma, aujourd’hui disparue, qui avait été fondée en 1973 par Hubert Henrotte en réaction et dissidence à l’agence Gamma. Cette activité va lui permettre de courir le monde et de se confronter à celui-ci. Il se place en témoin de ses changements et bouleversements, qu’ils soient engendrés par l’homme — comme la guerre — ou provoqués par la nature — à l’image du séisme. En parallèle, l’artiste se passionne pour l’activité humaine, des Jeux Olympiques au monde du cinéma en passant par la mode ou le show business pour lequel il devient portraitiste de célébrités.
Gérard Rancinan rend floue la frontière entre photographie artistique et photographie journalistique. Elle n’apparait pas comme une frontière imperméable, cloisonnant ces deux pratiques. L’artiste déclare à ce sujet : « Je reste témoin de mon époque dans les deux cas». Cependant, il affirme que sa source d’inspiration principale reste le terrain. Témoigner et exprimer, informer et donner du sens ne sont pas des démarches incompatibles.
L’artiste accorde une importance particulière à l’histoire de l’art et à ses chefs-d’oeuvre. En effet, il récupère la composition de tableaux célèbres et les ré-interprète en perturbant leur sens par l’intégration des maux ou des préoccupations de la société contemporaine. Ainsi, l’immigration et sa désillusion, la junk food, la quête de beauté et le tabous de la vieillesse, le sexe ou la drogue imprègnent des compositions de maîtres tels que Henry Matisse, Le Caravage, Léonard de Vinci, Jérôme Bosch, Eugène Delacroix, Diego Velasquez ou Théodore Géricault. Notons que Gérard Rancinan renonce à l’idée de montage et de travail numérique.
L’oeuvre de Gérard Rancinan bourgeonne dans les plus prestigieuses collections privées et publiques et a été maintes fois présentée lors d’expositions temporaires, à l’image de celle que lui consacra le Palais de Tokyo en 2009.
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